Jean-Marc Brunet Peintre
Jean-Marc Brunet Peintre
«L’atelier: la maison des métamorphoses.» Brunet, 2016
Jean-Marc Brunet
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«Les amis poètes ont dit des choses sur ma peinture, que je ne savais pas encore.»
Bernard Noël
Extrait de Bonjour Mr Brunet
Préface et poèmes de Bernard Noël
Éditions A│B, 2013
(…)
Jean-Marc Brunet a inventé un dispositif très simple, du moins en apparence, pour rendre sensible une opération qui intensifie réciproquement ce que son tableau met en avant et ce qui porte cette avancée, autrement dit ce qu’autrefois on aurait distingué comme le sujet et comme le fond. Les deux, chez lui, sont (déjà signalé) inséparables de telle sorte que le fond est un « espace du dedans » créateur de l’essaim qui s’y envole en donnant sens à l’ensemble. Il y a une interaction entre l’épaisseur spacieuse, qui paraît une étendue, et l’épaisseur floconneuse, qui paraît l’animer,
mais les deux produisent également l’effet pictural auquel le tableau doit son attrait.
On se trompe quand on qualifie de « abstraite » cette peinture puisqu’elle se concrétise dans l’instant où le regard la découvre et s’attache à sa contemplation. Il advient alors cette chose étrange : le spectateur s’aperçoit que le tableau tout entier est dans un état de suspension dont la totalité s’anime dès que le regard entre en contact avec sa surface. C’est que la peinture – la vôtre - contient encore l’acte de peindre… Cette présence est si prenante que le regard a l’illusion de faire ce qu’il voit, mais propager cette impression ne peut, n’est-ce pas, qu’être la caractéristique d’une peinture concrète…
A l'atelier avril 2015 avec Lasse Soderberg, Bernard Noël, Angéla Garcia et
Jean-Clarence Lambert
Lecture Bernard Noël, exposition Mal de Laon, 2016
Les peintres du dépaysage… C’est ainsi que je désignais dès les années 1950 les abstraits lyriques qui tentaient de faire apparaître sur leurs toiles comme l’être de la nature, au-delà de l’immédiateté spectaculaire… Et ce fut, sans doute aucun, l’une des plus véritables originalités de la peinture au XXe siècle.
JMB maintient cette originalité, qu’il enrichit à perte de vue selon son tempérament, qui est lyrisme… Comment ne pas l’en admirer -- alors que l’art majoritaire d’aujourd’hui a abdiqué toute ambition (ou volonté de différence) devant la réalité, -- obsessionnelle, marchandisée ?
JMB : la peinture peut encore donner à respirer.
Avec Jean Orizet, Mars 2018
Jean-Clarence Lambert
Extrait du recueil Ingrès
Editions A/B, décembre 2015.
Michel Butor
Extrait L’ENVOL DE L’ANNÉE
Préface livre Jean-Marc Brunet et Michel Butor
Éditions A│B, 2015
Souterrainement les racines
préparent leurs bourgeons gluants
pour en écarter les écailles
et lancer des tiges courbées
par le vent qui vient des frontières
avec des rafales de pluie
renouvelant la garde-robe
du paysage s’ébrouant
Une génération d’oiseaux
cherche des graines et des vers
puis ce sont les chants amoureux
quand la Lune égrène ses phases
les vergers se couvrent de fleurs
le chant du rossignol prolonge
les renouvellements du jour
dans l’archipel des crépuscules
Avec Michel Butor, Lucinges 2014
Jean Orizet
Extrait de L’ENTRETEMPS
Éditions La Table Ronde, 2005
Et L’EXIGENCE ET LA JUBILATION
Monographie Brunet Fragments Éditions
(…)Ma longue fréquentation des peintres – quelques décennies – m’a permis de rencontrer les plus significatifs d’entre eux, disons d’André Masson à Francis Bacon. Je me garderai de citer d’autres noms, surtout de vivants, que tous les amateurs connaissent. Je préciserai seulement que chez certains d’entre eux, l’origine des formes, de l’espace et de la couleur doit être cherchée dans leur «pays» d’origine, «pays» entendu au sens large du mot : Bassin méditerranéen, Europe centrale ou du Nord, Amérique latine, mer des Caraïbes, Asie. Autrement dit, certains peintres importants restent parfois soumis au milieu qui les façonne, mythes, cultures, natures réunis.
Rien de tel chez Jean-Marc Brunet, lui n’est l’otage d’aucune géographie plastique ou mentale, même s’il est né à Soissons, voici un peu plus de trente ans. Pour formuler autrement ma pensée, je dirai que cette peinture m’intéresse dans la mesure où elle échappe à tout enracinement contraignant. (…)
Ce que j’aime dans le travail de Brunet, c’est son exigence qui va de pair avec sa jubilation. Les créateurs dignes de ce nom ne peuvent faire l’économie de ces données, faute de quoi ils risquent de voler à moins haute altitude. (…)